La divine origine de la chaire

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La chaire a été oubliée, en occident, depuis le milieu du XXe siècle. Pourtant, son importance est capitale dans l’histoire du Christianisme. Dom Guéranger, dans son formidable ouvrage historique « sainte Cécile et la société romaine », nous apprend que « l’autorité d’enseigner la parole divine fut, dès l’origine de l’Église, symbolisée dans un siège particulier, sur lequel s’asseyait l’apôtre pour parler aux fidèles ». La chaire était surélevée afin de symboliser l’ascension spirituelle de celui qui professait la parole de Dieu. De nos jours, la disparition de l’usage de la chaire signifie le refus des enseignements sacrés de Jésus-Christ. Cette lubie satanique disparaîtra avec cette société mensongère. Laissons seulement Dieu nous révéler, au fil du temps, Sa volonté. Maintenant, plutôt que de plagier ce que le noble abbé de Solesmes a déjà rédigé, je vous laisse découvrir les origines historiques de la chaire.

« sainte Cécile et la société Romaine ». Tome I. Page 55

« Là était établie (à Rome), dans son humble majesté, la Chaire souveraine du vicaire du Christ, et ce n’est point une figure de langage que nous employons ici. L’autorité d’enseigner la parole divine fut, dès l’origine de l’Église, symbolisée dans un siège particulier, sur lequel s’asseyait l’apôtre pour parler aux fidèles. Cette Chaire était conservée avec le respect le plus profond, et celui qui était appelé à succéder au fondateur d’une Église devait solennellement y prendre séance, montrant ainsi par un signe sensible que son enseignement serait le même que celui de son prédécesseur. C’est ainsi qu’au rapport d’Eusèbe, la Chaire de l’apôtre saint Jacques le Mineur était encore gardée à Jérusalem au quatrième siècle. La Chaire de saint Marc, transportée plus tard à Venise, où elle est dans le trésor de l’église patriarcale, se conservait aussi à Alexandrie, selon le même historien, après la paix de Constantin.

Celle de saint Pierre, établie au cimetière Ostrianum, y fut vénérée jusqu’au temps de saint Grégoire le Grand, comme le monument du premier séjour de l’apôtre à Rome. Des lampes brûlaient par honneur devant elle, et sur la liste des huiles saintes envoyées par le même saint Grégoire à la reine Théodelinde, liste topographique des sanctuaires de Rome souterraine, rédigée par le prêtre Jean sur un papyrus conservé encore à Monza, on lit ces paroles correspondant à l’une des fioles : OLEVM DE SEDE VBI PRIVS SEDIT SANCTVS PETRVS. La vénération de l’Église romaine pour cette première Chaire du prince des apôtres fut telle, qu’on lui consacra une fête particulière au 18 janvier de chaque année. Cette fête tomba par la suite en désuétude, sans doute après que la Chaire qu’elle avait pour objet eut disparu, et il ne restait plus au calendrier liturgique d’autre fête de la Chaire de saint Pierre que celle, non moins importante, du 22 février, lorsque Paul IV, en 1558, rétablit l’antique solennité du 18 janvier, sous le nom de Chaire de saint Pierre à Rome. Nous aurons à parler plus loin de la seconde Chaire qui se rapporte au second séjour de l’apôtre dans cette ville. »

« sainte Cécile et la société Romaine ». Tome I. Page 120 à 123

« L’augmentation du nombre des fidèles avait engagé Pierre à fixer désormais dans la ville même le centre de son action. Le cimetière Ostrianum était trop éloigné, et ne pouvait plus suffire aux réunions des chrétiens. Le motif qui avait porté l’apôtre à revêtir successivement Linus et Cletus du caractère épiscopal, pour les rendre capables de partager les sollicitudes d’une église dont l’extension était sans limites, amenait naturellement à multiplier les lieux d’assemblée. La résidence particulière de Pierre était donc fixée au Viminal, c’est là que fut désormais établie la Chaire mystérieuse, symbole de puissance et de vérité. Le siège auguste que l’on vénérait sous les arceaux de l’hypogée Ostrien ne fut pas cependant déplacé. Pierre visitait encore ce berceau de l’église romaine, et, plus d’une fois, sans doute, il y aura exercé les fonctions saintes. Une seconde Chaire, exprimant le même mystère que la première, fut dressée chez les Cornelii, et cette Chaire a traversé les siècles. Le Christ a voulu que ce signe visible de l’autorité doctrinale de son vicaire eût aussi sa part d’immortalité, Cet humble siège a toute une histoire : on le suit de siècle en siècle dans les documents de l’église romaine. Tertullien atteste formellement son existence dans son livre de Praescriptionibus. L’auteur du poème contre Marcion, au troisième siècle ; saint Optat de Milève, au quatrième ; saint Ennodius de Pavie, au cinquième ; le Missel gothico-gallican, au sixième, forment une chaîne indestructible de témoignages qui certifient la perpétuité de sa conservation. On sait par d’autres documents, également sûrs, que saint Damase le plaça dans le baptistère qu’il construisit pour la basilique vaticane ; que, durant de longs siècles, il servit à l’intronisation des papes ; enfin qu’on l’exposait sur l’autel dans la fête commémorative qui lui était consacrée, le 22 février de chaque année. Ce jour est désigné sous le nom de Natale Petri de Cathedra, sur le célèbre calendrier du quatrième siècle, qui fait partie de l’almanach de Furius Dionysius Philocalus, conservé à la bibliothèque impériale de Vienne.

En 1663, Alexandre VII renferma la Chaire de saint Pierre dans le colossal et somptueux monument qu’il fit exécuter par le Bernin, et qui décore l’abside de la basilique vaticane. Elle a enfin revu la lumière, par l’ordre de Pie IX, qui dans l’année 1867, centenaire du martyre de saint Pierre, l’a fait exposer aux regards et à la vénération des fidèles.

Des idées inexactes s’étaient accréditées sur ce précieux témoin du séjour du prince des apôtres dans Rome. On se souvenait que ce siège était décoré d’ornements en ivoire, et on était incliné à y voir la chaise curule de Pudens, qui en aurait fait hommage à son hôte apostolique. L’étude du monument, accomplie avec autant de respect que de précision, a donné les résultats suivants : La Chaire de saint Pierre était en bois de chêne, ainsi qu’il est aisé d’en juger aujourd’hui par les pièces principales de la charpente primitive, telles que les quatre gros pieds, qui demeurent conservés à leur place, et portent la trace des pieux larcins que les fidèles y ont faits à plusieurs époques, enlevant des éclats pour les conserver comme reliques. La Chaire est munie sur les côtés de deux anneaux où l’on passait des bâtons pour la transporter ; ce qui se rapporte parfaitement au témoignage de saint Ennodius, qui l’appelle sedes gestatoria. Le dossier et les panneaux du siège ont été renouvelés, a une époque postérieure, en bois d’acacia de couleur sombre ; une rangée d’arcades à jour forme ce dossier, et est surmontée d’un tympan triangulaire de même bois.

Des ornements d’ivoire ont été adaptés au devant et au dossier de la Chaire, mais seulement dans les parties qui sont en acacia. Ceux qui couvrent le panneau de devant sont divisés en trais rangs superposés, contenant chacun six plaques d’ivoire, sur lesquelles ont été gravés divers sujets, entre autres les travaux d’Hercule. Quelques-unes de ces plaques sont posées à faux, et l’on reconnaît aisément que leur emploi a eu lieu dans un but d’ornementation, à l’époque où l’on adaptait les restes de l’antiquité aux objets que l’on voulait décorer, aux châsses de reliques, aux missels, etc., dans les huitième et neuvième siècles. Les ivoires qui décorent le dossier correspondent à son architecture, et semblent fabriqués exprès. Ce sont de longues bandes sculptées en relief, et représentant des combats d’animaux, de centaures et d’hommes. Le centre de la ligne horizontale du tympan est occupé par la figure d’un prince couronné, ayant le globe et le sceptre. Les traits et la tenue annoncent un empereur carlovingien. C’est ainsi que le monument primitif porte jusque dans ses décorations, plus ou moins intelligentes, les témoignages de la vénération des siècles qu’il a traversés. »

Lien vers le fichier PDF : http://www.fichier-pdf.fr/2016/02/14/la-divine-origine-de-la-chaire/

 

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8 commentaires pour La divine origine de la chaire

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  2. armand blanquer dit :

    merci pour vos messages, pouvez vous me renvoyer votre dernier message, je l’ai archivé par erreur. Merçi. Armad Blanquer

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  3. Louis Chiren dit :

    Bonjour « saint Michel archange ».
    Merci pour ce bel article. Au sujet de l’importance de cette chaire.
    La cathèdre est un trône muni d’un haut dossier que l’on nommait « trône de l’évêque ».
    Le mot proviendrait selon l’étymologie grecque de « kathedra » (siège).
    Dans l’ancien français un verbe désignait le fait pour un évêque de « siéger » dans sa cathédrale.
    La cathèdre était le symbole de l’autorité épiscopale directement issue de la chaire des apôtres.
    Votre rappel est donc hautement important.
    En outre l’expression « ex cathedra » désigne l’infaillibilité pontificale pour le successeur de saint Pierre.
    Cela signifie qu’un pape qui du haut de sa chaire s’exprime « ex cathedra » ne peut se tromper en matière de foi et de morale et tous catholiques est tenu d’y croire (voir le dogme de l’immaculée conception).
    Ce dogme de l’infaillibilité a été défini solennellement en 1870 lors d’un concile.
    L’infaillibilité pontificale ne signifie pas que le pape soit exempt du péché.
    L’autorité spirituelle que confère cette chaire pour l’Eglise, est a mettre en parallèle avec l’autorité temporelle pour le lieutenant du Christ sur le trône de France.

    « Votre trône dans le Ciel
    Couronné de la Croix
    Votre monogramme est
    Jésus Sauveur des Hommes »

    http://louischiren1785.wix.com/artistpainter#!le-roi-du-sacr–coeur/gwnlg

    En grande union de prière !

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    • Bonjour cher Louis Chiren,

      Je viens de trouver votre commentaire du 15 février 2016 dans les indésirables… Il est enfin validé.

      Dieu vous bénisse !

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    • Souri7 dit :

      Cher Louis Chiren artiste inspiré,
      voyez aussi ce que vous dévoilez par votre rose jaune… L’Amour de Dieu en action. Et comme vous l’avez si bien figuré, en proie à la douleur de la lance et l’amertume donnée par les hommes, tant que le monde est monde.
      Que Dieu vous bénisse et vous protège.

      « Sur chacun des pieds nus de Notre-Dame de Lourdes, on voit une rose jaune qui brillait comme de l’or. Ses pieds disparaissaient, pour ainsi dire, sous le pan de la robe et les deux roses lui faisaient comme une chaussure. Comment ne pas se rappeler ici l’enthousiasme du prophète : « Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la paix ! » Il exalte les pieds des missionnaires parce qu’ils sont le signe de leur activité et de leur zèle. Ces deux roses, sur les pieds de l’Immaculée, sont, comme toujours, symbole d’amour, de l’amour de Dieu et du prochain, du double amour qui se résoud en un seul, la charité, vertu théologale. Mais symbole de son amour agissant puisqu’elles fleurissent sur ses pieds. Amour qui s’active, qui se dépense, qui s’épuise pour Dieu et pour les âmes. Ainsi son union à Dieu indiquée par son regard, formée par la prière, s’achève dans l’amour véritable, non celui des mots mais celui des actes. Parfait modèle de la pleine justice, de la totale religion, de la dédicace sans réserve à Dieu et, à cause de Dieu, aux autres. » Abbé Chr.Ph Chanut
      Extrait http://har22201.blogspot.fr/2012/02/notre-dame-de-lourdes.html

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  5. MA Guillermont dit :

    Aujourd’hui , la Sainte Église fête la Chaire de St Pierre .
    Jésus : « Simon Pierre , qui suis – je pour toi ? »
    Pierre : « Tu es le Christ , le fils du Dieu Vivant  »

     » Pierre , tu es Pierre et sur cette pierre , je bâtirais mon Église « .

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