Les derniers jours

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Voici la deuxième partie du troisième chapitre de la vie de saint Dominique de Savio.

Chapitre 3

Le couronnement

4. Les derniers jours

Arrivé à la maison, son état semblant s’améliorer, il fut quatre jours sans garder le lit. Mais bientôt, ses forces diminuèrent ainsi que l’appétit, la toux devint plus forte, et l’on résolut de le conduire au médecin. Ce dernier trouva le mal plus grave qu’on ne le pensait. Il crut constater une inflammation et eut recours à la saignée. Il avertit Dominique qu’il devait le faire souffrir et l’invita à détourner les yeux. Dominique se mit à rire et dit :

« Qu’est-ce donc qu’une légère piqûre auprès des clous enfoncés dans les mains et les pieds de l’innocent Jésus, notre Sauveur ? »

Et c’est en plaisantant qu’il regarda le sang couler de ses veines. Après plusieurs saignées, le malade parut aller mieux. Le médecin l’assura et les parents le croyaient, mais Dominique en jugeait autrement. Persuadé qu’il vaut mieux se mettre en avance qu’en retard quand il s’agit des derniers sacrements, il dit à son père :

« Papa, il serait bon maintenant de consulter le médecin de l’âme. Je désire me confesser et communier. »

Ses parents, qui croyaient à une amélioration, furent peinés de cette demande. Mais, pour lui être agréable, Monsieur le Curé vint aussitôt, le confessa et lui apporta le Saint Viatique. Chacun peut facilement s’imaginer avec quelle ferveur et quel recueillement Dominique fit cette communion. Il communiait toujours avec la piété d’un saint Louis de Gonzague.

« Mais, qui pourrait dire, déclare Don Bosco, les élans d’amour qui partaient de cette âme innocente pour aller à la rencontre de son unique Bien-Aimé pour cette dernière communion ? »

II répéta plusieurs fois les promesses de sa première Communion :

« Oui, oui, ô Jésus, ô Marie, vous serez toujours les amis de mon cœur. Je le répète et je voudrais le dire mille fois : mourir, mais pas de péchés. »

Après son action de grâces, il dit avec le plus grand calme :

« Maintenant je suis heureux. Il est vrai que j’ai un grand voyage à faire, le voyage de l’éternité, mais avec Jésus pour ami et pour compagnon, je ne crains plus rien, pas même la mort. »

Sa patience avait été exemplaire durant sa vie : il avait supporté sans se plaindre toutes sortes d’incommodités ; sur son lit de mort, il fut un vrai modèle de sainteté. Il n’acceptait l’aide de personne pour ses besoins ordinaires.

« Je veux causer le moins de dérangement possible à mes père et mère. Ils ont déjà tant fait pour moi. Quelle reconnaissance je désire leur témoigner ! »

Il prenait les remèdes les plus désagréables sans témoigner aucune répugnance. Il supporta dix saignées sans se plaindre.

Après quatre jours, le médecin se félicitait d’avoir « triomphé du mal » et envisageait déjà une bonne convalescence. Les parents se réjouirent, mais Dominique se mit à plaisanter :

« Nous avons triomphé du monde ; il ne me reste plus qu’à paraître devant Dieu pour être jugé. »

Après le départ du médecin, Dominique demanda à recevoir l’Extrême-Onction. Ni ses parents, ni Monsieur le Curé ne croyaient Dominique à l’article de la mort ; au contraire, la sérénité de son visage, l’amabilité de ses paroles leur faisaient croire à une sensible amélioration. Dominique, quant à lui, employait chaque moment qui lui restait à vivre, à se préparer à paraître devant Dieu. Avant de recevoir l’Extrême-Onction, il fit cette prière :

« Ô mon Dieu, pardonnez-moi tous mes péchés. Je vous aime et je veux vous aimer éternellement. Que ce sacrement, don de votre infinie miséricorde, enlève de mon âme tous les péchés que j’ai commis par mes yeux, mes oreilles, ma bouche, mes mains et mes pieds. Que mon âme et mon corps soient entièrement purifiés par les mérites de votre sainte passion. Ainsi soit-il ! »

Dominique répondit aux prières de l’Extrême-Onction avec tant d’à-propos, et avec une voix si claire qu’on l’aurait cru en parfaite santé. C’était le 9 mars 1857. Les saignées, les remèdes avaient complètement épuisé ses forces. Monsieur le Curé lui donna la bénédiction papale. Le malade récita lui-même le Confiteor et répondit aux prières du prêtre. Quand on lui eut dit que, par cette bénédiction, le Pape accordait une indulgence plénière, il en éprouva une grande consolation

« Deo gratias ! dit-il, semper Deo gratias. »

Ensuite, regardant son crucifix, il récita ces vers qui lui étaient familiers :

« Seigneur, je vous donne toute ma liberté. Voici mon corps et toutes mes puissances, prenez-les. Je vous donne tout, car tout vous appartient, ô mon Dieu. Et je m’abandonne entièrement à votre bon vouloir. »

5. La fin

C’est une vérité de foi qu’à sa mort l’homme recueille le fruit de ses œuvres. Mais, parfois, de bonnes âmes, après une sainte vie, voient s’approcher la mort avec épouvante. Dieu, dans ses adorables desseins, veut ainsi les purifier des taches légères qu’elles ont contractées et embellir leur couronne. Il n’en fut pas ainsi de notre Dominique. Dieu a voulu lui donner dès cette vie le centuple qu’il promet à ses amis fidèles avant de les introduire dans la gloire. Et de fait, son innocence conservée jusqu’au dernier moment, sa foi vive, sa prière continuelle, ses longues pénitences et sa vie remplie de tribulations, tout cela avait mérité à Dominique cette joie, cette paix qu’il goûtait au moment suprême. On peut dire que Dominique s’endormit plutôt qu’il ne mourut.

On était au soir du 9 mars 1857. Il avait reçu tous les secours de notre sainte religion. Son air gai, ses yeux éveillés, la pleine possession de lui-même émerveillaient tous ceux qui étaient présent, et personne, excepté lui, ne croyait à sa mort imminente. On eût dit qu’il se reposait. Admirable était la tranquillité avec laquelle il recommandait son âme à Dieu. Il faisait de fréquentes oraisons jaculatoires, mais uniquement pour dire à Dieu combien il lui tardait de Le voir. Après avoir récité quelques prières avec Dominique, Monsieur le Curé songeait à partir.

« Monsieur le Curé, lui dit le mourant, ne me laisserez-vous pas un souvenir ?…
Eh bien, mon enfant, songe à la mort de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Deo gratias ! » répondit Dominique.

Après avoir dit ces paroles, il sembla dormir pendant environ une demi-heure. Puis, soudain, il jeta un regard sur ses parents :

« Papa, dit-il, nous y sommes !… Il est temps de me lire les litanies de la bonne mort. »

À ces paroles, la mère éclata en sanglots et quitta la chambre du malade. Le père avait l’âme brisée de douleur et les larmes étouffaient sa voix, mais il se fit violence et récita les litanies. Dominique répétait mot à mot ce que son père disait ; toutefois à la fin chaque invocation, il voulait dire seul :

« Miséricordieux Jésus, ayez pitié de moi. »

Arrivé à ces paroles :

« Quand mon âme paraîtra devant vous et verra pour la première fois l’immortelle splendeur de votre majesté, ne la rejetez pas de votre présence, mais daignez la recevoir dans le sein de votre miséricorde, afin que je chante éternellement vos louanges. »

Dominique ajouta :

« Voilà ce que je désire : chanter éternellement les louanges de Dieu. »

Ensuite il sembla réfléchir à une chose très importante. Mais bientôt, il dit d’une voix claire et joyeuse :

« Adieu, mon cher papa ! Adieu !… Oh ! Que c’est beau ce que je vois… ! »

En disant ces paroles, le sourire sur les lèvres, le visage épanoui par une joie céleste, il expira, les mains jointes en forme de croix sur la poitrine, sans faire le plus léger mouvement.

Don Bosco conclut :

« Âme fidèle, retourne à ton Créateur. Le ciel t’ouvre ses portes, les anges et les saints t’y ont préparé une belle fête. Ton Jésus que tu as tant aimé, te tend les bras et t’appelle. Viens, dit-il, viens, ô bon et fidèle serviteur, tu as combattu, tu as remporté la victoire, viens pour toujours partager la joie de ton Seigneur : Intra in gaudium Domini tui. »

6. Dominique reste vivant

Le père avait cru d’abord que Dominique s’était endormi. Mais il était bel et bien mort. Quelle désolation pour les parents ! Le père écrivit à Don Bosco :

« C’est les larmes aux yeux que je vous annonce la plus triste des nouvelles. Mon cher fils Dominique, votre élève, ce lis de pureté, cet autre saint Louis de Gonzague, a rendu son âme à Dieu hier soir, 9 mars, après avoir reçu de la manière la plus consolante les derniers sacrements et la bénédiction papale. »

Cette nouvelle jeta une véritable consternation parmi les élèves ; les uns pleuraient la perte d’un conseiller et d’un ami fidèle ; les autres déclaraient que la mort leur enlevait un modèle de véritable piété ; d’autres se réunissaient et priaient pour le repos de son âme ; la plupart disaient :

« C’était un saint, il est déjà au Paradis. »

Et l’on se recommandait à lui comme à un intercesseur auprès de Dieu. Tous se disputaient l’honneur de posséder quelque chose de lui. Don Picco, son professeur, fit de lui le plus magnifique éloge devant ses condisciples.

Mais, ce n’était pas fini. Dominique avait rêvé d’apostolat et de sacerdoce : la réalité allait dépasser le rêve. Là-haut, sa mission commençait. Elle n’a pas cessé. Elle se fera chaque jour plus lumineuse et plus bienfaisante…

Déjà durant sa vie mortelle, Dominique avait été un chef, un guide pour ses camarades : nombre d’entre eux s’efforçaient de suivre ses conseils et d’imiter ses vertus. Beaucoup, frappés de sa conduite exemplaire, de la sainteté de sa vie, de sa pureté rayonnante, se recommandaient à ses prières ; et l’on entendit raconter bien des grâces obtenues du Seigneur par les prières de Dominique pendant sa vie. Mais, après sa mort, la confiance et la vénération envers le saint enfant augmentèrent sensiblement. Déjà, bien des compagnons le proclamaient saint. On alla réciter pour lui les litanies de la Sainte Vierge comme nous le faisons pour les défunts ; mais, beaucoup disaient :

« Dominique est déjà au Ciel et il n’a plus besoin de nos prières. »

D’autres disaient :

« Si Dominique n’est pas allé tout droit en Paradis, lui qui mena une vie si sainte et si pure, qui pourra jamais avoir confiance d’y aller ? »

Dès lors aussi, plusieurs de ses amis et compagnons, témoins de ses vertus, s’appliquèrent à le prendre comme modèle de leur conduite et se mirent à se recommander à lui comme à un protecteur céleste. Presque chaque jour, on signalait des grâces temporelles et spirituelles attribuées à son intercession. Don Bosco lui-même atteste d’avoir été témoin de faits de ce genre : mal de dent terrible, fièvre violente stoppés net à l’invocation de Dominique Savio… Il atteste encore d’être en possession de nombreuses relations de grâces ainsi obtenues. Les bénéficiaires étant encore en vie, il se contente de raconter la guérison d’un condisciple de Dominique. Des maux de tête et d’estomac tenaces l’avaient obligé à ajourner des examens. Aucun espoir d’amélioration ne lui était permis lorsqu’il songea à invoquer Dominique par une neuvaine de prière. Avant la fin de la neuvaine, il était parfaitement guéri et pouvait se remettre au travail.

Don Bosco conclut sa biographie de Dominique par ces précieuses consignes :

« Je voudrais que nous nous mettions résolument à imiter les vertus du jeune Savio, en ce qu’elles ont de compatible avec notre état. Dans son humble condition, il mena une vie laborieuse, vertueuse et exemplaire qui fut couronnée par une sainte mort. Imitons-le dans sa vie et nous aurons le bonheur de lui ressembler dans sa précieuse mort. Surtout, ne manquons pas d’imiter Dominique dans la fréquentation des sacrements de Pénitence et d’Eucharistie. C’est là qu’il trouva le secret de bien vivre et de bien mourir. Allons fréquemment et pieusement nous plonger dans ce bain salutaire. Mais chaque fois que nous nous confessons, ne manquons pas de jeter un regard sur les confessions précédentes pour voir si elles ont été bien faites. Si nous y découvrons quelque défaut, hâtons-nous de le réparer. Il me semble que c’est le vrai moyen de vivre heureux au milieu des misères de cette vie et de voir arriver avec calme le moment de notre mort. Et alors, la joie sur le visage et la paix dans le cœur, nous irons à la rencontre de notre doux Sauveur qui nous accueillera avec bonté et nous recevra dans sa miséricorde ; c’est ce que j’espère pour moi et pour vous, bien-aimé lecteur : passer de ce lieu d’exil à la patrie céleste où nous louerons et bénirons Dieu durant les siècles éternels.

(Combien frappante cette « leçon majeure » de la vie Dominique Savio selon Don Bosco, cet éducateur hors pair : de vraies confessions, secret d’une vie réussie. Si les éducateurs chrétiens pouvaient le comprendre !). »

Lien vers le fichier PDF : https://saintmichelarchange.files.wordpress.com/2017/08/les_derniers_jours.pdf

 

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4 commentaires pour Les derniers jours

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  2. samuel dit :

    La foule est loin de cela, de plus si c’était les derniers jours pour beaucoup, le nombre ne se douterait de rien, pourtant la part de l’homme est grande dans la destruction de la terre, à moins que les grands de ce monde s’imaginent pouvoir toujours s’accaparer la puissance de Dieu.

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  3. samuel dit :

    Lorsque vous assaillent les vents des tentations,
    lorsque vous voyez paraître les écueils du malheur,
    regardez l’étoile, invoquez Marie.
    Si vous êtes ballottés sur les vagues de l’orgueil,
    de l’ambition, de la calomnie, de la jalousie,
    regardez l’étoile, invoquez Marie.
    Si la colère, l’avarice, les séductions charnelles
    viennent secouer la légère embarcation de votre âme,
    levez les yeux vers Marie…
    Dans le péril, l’angoisse, le doute,
    pensez à Marie, invoquez Marie.
    Que son nom ne quitte ni vos lèvres ni vos cœurs !
    Et pour obtenir son intercession,
    ne vous détournez pas de son exemple.
    En la suivant, vous ne vous égarerez pas.
    En la suppliant, vous ne connaîtrez pas le désespoir.
    En pensant à elle, vous éviterez toute erreur.
    Si elle vous soutient, vous ne sombrerez pas ;
    si elle vous protège, vous n’aurez rien à craindre ;
    sous sa conduite vous ignorerez la fatigue ;
    grâce à sa faveur, vous atteindrez le but.

    Saint Bernard (1090-1153)

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  4. samuel dit :

    Joël 2:28
    Après cela, je répandrai mon esprit sur toute chair; Vos fils et vos filles prophétiseront, Vos vieillards auront des songes, Et vos jeunes gens des visions.

    Hélas avant cela, on trouve souvent de tout sur le net, comme dans l’ensemble la victoire n’appartient pas toujours aux plus Thomas dans les choses de la foi.

    Car même s’ils prétendent être d’accord avec vous, il sont souvent à redire les choses
    courantes, sauf en ce qui concerne le premier intérêt des gens pour le terrestre.

    Pour eux, le bon sens tout désigné devrait se limiter aux choses visibles, alors même si le Seigneur devait moins revenir dans la graisse, on en croise souvent des melons partout, sauf en qui concerne tous les faux chrétiens du monde.

    Après tout, ne sont ils pas souvent à décider ce qui est bon ou pas, alors peu leur importe, lorsqu’ils se singent à décider quel est d’abord le plus savant d’entre eux dans les premières choses de l’histoire, c’est eux qui décident pas Dieu.

    Et donc comme les plus comme il faut, prétendant moins échapper à l’autorité divine, ils en sont moins complices de vouloir se mettre au service des idoles.

    Ce qu’il leur faut, ce sont des gens ayant plus de virilité dans la vie, qu’ils aient la situation que sans DIEU devenu plus comme ça tout deviendrait plus gouvernable.

    Puis comme nous en Angleterre, nous avons moins connu la royauté depuis untel ou untel, nous savons mieux comment cela a fini en France.

    Je vous souhaite également bonne lecture les amis, car tous ceux qui prétendent venir au nom du Seigneur ne le sont pas forcément avec plus de gros bras et tatoués.

    Je me demande même s’il ne serait pas déjà trop tard, pour ceux ayant encore une situation plus confortable pour leurs vieux jours ou leur estomac mieux rempli.

    Alors je ne sais s’ils viennent bien tous de la sainte bible ou des prophètes, amen.

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